Monologue
- Vice Benoit
- 21 févr. 2021
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 déc. 2021
Est-ce que j’ai des remords..? Je pense pas. Est-ce que ce que j’ai fait était mal? Peut- être, mais de toute façon je referais. Vous auriez dû voir, vous auriez du voir avant ce souper-là c’était presque pathétique on était tous là autour de la table. Je dis on, mais c’était plus eux, moi j’étais pas vraiment là. Oui mon corps était là, mais pas ma tête, pas ma tête, pas mes pieds pas mes jambes, rien que l’impression de mon corps. J’en était a mes affabulations quand ils ont porter un toast. C’était beau de les voir. À notre santé! Je me demande s’ils auraient porté un toast à leur santé s’il avait su que c’était leur dernier toast. Ils auraient peut-être porté un toast à leurs vies ou à leur mort. Leur mort à eux. Est-ce qu’ils savent que je suis déjà mort depuis longtemps moi? Est-ce qu’ils savent que c’est eux qui m’ont tué? Qu’ils ont tué tout ce qui restait en moi? Mais, bon, tout le monde s’en fout au fond non? Vous voulez juste savoir ce qui s’est passé... celui qui a été effacé. il est pas pertinent. Bon après le toast. Après leurs premières gorgée. Mon père à partis le bal. Au début, il s’est juste mis à cracher et à tousser. Mais après, oh après, quand l’écume commencer à sortir de sa bouche : la bave blanche, blanche comme la neige, blanche comme la peau des morts, blanche comme mon sperme. Il a rien compris. Il a jamais rien compris, mais quand ma tante s’est écroulée sur le sol, il savait qu’il allait mourir. Et dans ses yeux, quand j’ai vu la peur dans ses yeux? J’ai presque joui, c’était si beau. Et là, ma mère a su. Su que j’étais en train de la détruire comme elle continuait de me détruire. Elle a voulu jeter un dernier regard à mes deux frères et à ma sœur. Hélas, hélas, hélas. Il était trop tard mon plus jeune frère s’était fendu le crâne en tombant sur le sol, partout, il y avait du sang partout. C’était d’un rouge. C’était un si beau rouge, ma mère n’aurait jamais pu comprendre. L’autre était tombé tête première dans son assiette il avait le visage plein de patates pilées et de sauce brune. Mais le tableau était complet avec la fourchette lui crevait l’œil. Je dois l’admettre, quand tout le monde a fini de mourir, j’ai fait rentrer la fourchette je l’ai fait rentrer jusqu’au fond, jusqu’à ce qu’elle touche sa boite crânienne, quand je l’ai sorti j’ai dû me retenir pour ne pas en prendre une bouchée je suis peut-être un monstre, peut-être , mais pas encore un cannibale. Pas encore. Je dois admettre que j’ai eu un peu de remords quand j’ai vu ma sœur. La tête accotée sur le dossier de sa chaise, les paupières encore entrouvertes, les yeux virés, la bave coulait sur ses joues. Vincent Benoit
C’était peut-être la seule personne que j’aimais dans le monde, la seule qui était profondément bonne. Je ne pouvais pas risquer qu’elle m’en veuille. Non. Alors je l’ai tué. C’est à ce moment que ma mère a vomis. Non parce que le poison était en train de lui dissoudre les intestins, en train d’éteindre la petite flamme, la toute petite flamme qui restait en elle. Mais parce qu’elle avait compris que son fils était un monstre. Que de son propre ventre, que de sa propre douleur une abomination était sortie. Et puis là, elle a voulu se lever, mais... tout ce qu’elle a réussi à faire c’est de s’écrouler sur le sol, lamentablement. C’était tellement pathétique, si laid, on aurait cru un enfant qui ne sait même pas marcher. J’étais si près du Nirvana en la regardant, que je n’ai même pas vu ma grand-mère cracher son dentier en mourant. Ça devait être pitoyable. Il avait mérité ce sort. Ils avaient mérité cette mort. Cette mort dont je leur ai fait cadeau. DONT JE LEUR AI FAIT LA GRÂCE. Ils étaient ma famille. Ils étaient mes apôtres. Ils ont bu de mon sang. Mais Judas n’a pas été là pour les sauver. Il n’y a pas de héros, il n’y a pas de sauveur. Il n’y a que des victimes, victimes de leurs propres horreurs. Est-ce que je suis un monstre? Est-ce que je suis un monstre? EST-CE QUE JE SUIS UN MONSTRE? Pourquoi est-ce que personne ne répond? Je vous ai posé une question. Je Vous Aie Posé Une Question. Dites-moi que je suis un monstre. Dites-moi que je suis le décès de la société. Dites- moi que je suis ce qui va mal avec l’humanité. DITES-LE-MOI. Je ne veux pas qu’on guérisse. Il n’y a rien à guérir. Je veux juste qu’on me foute la paix. Je veux juste qu’on me laisse dans un coin. Je m’en calice de vos questions. Je veux juste être seul. Seul. Trop seul. Seul comme le phoque en Alaska. Seul comme la première particule du big- bang. Seul comme Jésus dans sa grotte. C’est quoi votre crisse de problème? J’ai tué ma famille. Big Deal! Là. Crisser moi en prison. Laissez-moi mourir là. C’est tout ce que je veux.
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